vendredi 18 février 2011

Ben Ali, dans le coma, mais encore vivant



D'après les informations obtenues hier en fin d'après midi à Tunis, l'ancien Président Ben Ali,
hospitalisé à Djedda dans un état extrêmement critique à l'hopital Fayçal, était encore vivant. Pour combien de temps? Le pronostic vital restait très pessimiste. D'après nos sources, les médecins, sur place ne lui donnaient que quelques jours à vivre.

La télévision tunisienne n'a pas brillé par son audace. Au Journal Télévisé, la rédaction a déclaré qu'il ne s'agissait là que de rumeurs. L'invitation qui avait été lancée à l'auteur de ce blog pour jeudi après midi, demandée trois jours plus tôt avec insistance, a été soudainement annulée. On nous dit que les révélations faites sur l'état de santé de Ben Ali aient expliqué cette annulation. On ne sort pas de vingt trois ans de dictature benaliste et de quarante ans de régime autoritaire bourguibien du jour au lendemain.

Quant à Leila Trabelsi, elle ne se trouvait pas hier après midi, toujours d'après les informations receuillies hier à Tunis, auprès de son mari. La rumeur à Tunis la donnait à Tripoli auprès de l'ami constant du régime Ben Ali ( et du couple MAM Ollier) que fut le débonnaire colonel Khadafi, qui aurait pu mieux terminer son rêgne. Compte tenu de la situation très tendue de la Libye, ces indications pourraient bien ne pas être fondées. On s'étonne que MAM n'ait pas proposé ses services de police à son ami le colonel....

Hier, les Tunisiens restaient très réservés sur la réalité des informations parues sur Ben Ali à Djedda. Après tant d'années de verrouillage de toute information crédible et de rêgne de la rumeur, on semble, à Tunis, très prudent en matière d'information, comme sur la défensive. Alors que je participais à Lamarsa une séance de signatures de la Régente de Carthage -près de deux cent livres signés, soit autant que la veille dans la grande librairie de Tunis-, les Tunisiens présents ne voulaient pas croire à l'issue fatale. Tout comme ils avaient eu du mal à croire au départ précipité de l'ex président le 14 janvier dernier. "On le croyait beaucoup plus fort, nous n'avions jamais cru qu'il prendrait ainsi la fuite", m'expliquait dans la journée hier un haut cadre de l'UGTT, le grand syndicat tunisien Lequel UGTT, apprend-on, négocia avec le Palais de Carthage jusqu'à la veille du départ de Ben Ali. Sur le mode: lachez le clan des voyous qui entoure votre épouse, la Régente de Carthage la bien nommée, et nus sommes prèts à calmer le jeu. Ce que Ben Ali, isolé, malade et quasi autiste, n'a pas su ou voulu entendre, tant sa capacité de jugement était désormais altérée.

Pas sûr, pour autant, que si le décès de Ben Ali est annoncé dans les jours qui viennent que les Tunisiens descendent dans la rue. Elle plus que lui, l'épouse indigne et vorace, avait cristallisé les haines et les frustrations. Certains veulent croire qu'il a été la victime de la cagole qu' il avait épousée en 1992. "Normal qu'elle ne soit pas à ses cotés, Ben Ali ne lui sert plus à rien, elle est partie". 

Cette focalisation sur la Régente explique l'incroyable symbole qu'est devenu notre livre à Catherine Graciet et moi, un succès qui nous dépasse totalement. Trois cent personnes étaient venues en débattre à la salle de cinéma du Colisée, avenue Bourguiba, mercredi après midi.

Pas une ligne, en dehors de ce modeste ouvrage de 180 page, n'avait été écrit sur Leila Trabelsi, qui faisait régner la terreur. La soif de comprendre les rouages de la "main basse sur la Tunisie" effectuée par le clan Trabelsi est immense. Autant dire franchement que le réalité dépasse le tableau que nous en avions fait . Nous qui avions eu la crainte d'aller trop loin dans la description d'un système pré maffieux étions totalement en deçà de la réalité. 

Les documents commencent à sortir sur l'ampleur des détournements des amis du clan présidentiel. L'ampleur du vol commis est impressionnante. Ainsi nous avons en notre possession un contrat, daté du 11mai 2005? entre l'Agence foncière d'habitation, organisme officiel par qui passe l'achat des terrains en Tunisie, et le gendre et ex dauphin potentiel, Saker Materi, sur l'achat d'un terrain d'un hectare au plus bel emplacement de Sidi Bousaid, le Saint Tropez local, où résidait Pierre Pasqua, le fils de Charles, condamné en France et protégé par l'ex régime. 

Et bien, ce magnifique terrait a été vendu officiellement pour la modeste somme de 114000 dinards, soit 55000 euros, alors qu'il vaut entre trois et quatre millions d'euros. Le gendre se présente dans ce document comme "un étudiant résidant à l'étranger" résidant au Palais de Carthage. Sous Ben Ali, on vivait vraiment au royaume du père Ubu.

Nous reviendrons également sur les informations apparemment approximatives publiées par le Canard Enchainé sur les investissements immobiliers de MAM. La réalité, compte tenu des premières informations en notre possession, pourrait être bien pire que le récit du Canard. MAM possédait sans doute plus d'un bien en Tunisie, mais pas forcément sous la forme décrite par le Canard qui, cette fois, aurait été un peu vite en besogne.

Le nouvel ambassadeur de France, venu d'Irak, a commencé fort l'examen de rattrapage auquel notre pays doit se plier sous peine de perdre définitivement tout crédit. Dès sa descente d'avion, le diplomate s'exprimera dans un arabe parfait. Et on le verra, jeudi après midi, se rendre par surprise à la Ligue des droits de l'homme.

Il faudra qu'il donne l'adresse à MAM et à quelques autres.....