vendredi 25 février 2011

Du chaud brulant sur MAM, suite

MAM a toujours soutenu qu'elle était venue en vacances à Tabaka, en ignorant tout ou presque sur les manifestations sanglantes que connaissait la Tunisie depuis décembre. Or cela est manifestement faux.

Or lundi dernier, le magazine "Tunis Hebdo" révélait que MAM avait rencontré le 27 décembre, lors de son séjour à Tabarka, le ministre de l'Intérieur, Rafiq Hadj Kacem, qui avait du démissionner quelques jours auparavant après avoir fait tirer sur la foule, ainsi que que le général Seriati, l'homme des basses manoeuvres de Ben Ali. Ce que la ministre a démenti.

Or depuis, plusieurs éléments laissent à penser que MAM s'est bien rendu à Tabarka, où elle ne séjournait jamais, pour une réunion sécuritaire avec le noyau le plus répressif et sanguinaire de l'entourage de Ben Ali. 

1) Lorsque MAM arrive à Tunis, Ben Ali donne des consignes pour qu'elle soit reçue avec les honneurs, comme pour un voyage officiel. D'où le voyage en jet privé de Tunis à Tabarka avec l'hotelier et proche du régime Aziz Miled.

2) L'ancien ministre de l'Intérieur de Ben Ali, Rafiq Hadj Kacem, qui a fait tirer sur les Tunisiens est l'homme fort de Beja, une ville importante situé à l'intérieur des terres et à quarante kilomètres de Tabarka, où séjourne justement MAM les 27 et 28 décembre. Les ruines que MAM dit avoir visitées le 28 décembre sont situées non loin de Beja. Est ce qu'en se rendant sur le site gallo romain ou en revenant, MAM se serait arrêtée à Beja pour voir l'ex ministre de l'Intérieur? L'hypothèse paraît plausible. 
D'autant que ce même 28 décembre, MAM devait décommander une réservation à déjeuner dans une auberge d'Ain Draaham, une jolie bourgade montagnarde située elle aussi entre Beja et Tabarka. Dans le récit fait à Mediapart de son emploi du temps, la ministre prétend néammoins avoir visité Ain Drahaam. 

3) En fin et surtout, lorsque MAM arrive à Tabarka, transportée par le jet privé d'Aziz Miled, son ami qui vendra une villa à son papa, elle est accueillie dans le salon d'honneur par Fawzi Ben Arab, le gouverneur de la ville de Jendouba dont dépend la commune de Tabarka. 
Or qui est ce gouverneur ? Il est membre du comité central du RCD, le parti au pouvoir et l'intime de Rafiq Hadj Kacem, alors ministre de l'Intérieur. Les deux hommes, issus de cette même région de Beja, ont épousé deux soeurs.

Contacté vendredi matin, Fawzi Ben Arab répond qu'il ne se souvient de rien. "Voyez, ajoute-t-il, l'Office de tourisme de Tabarka"!!! 


4) Avant d'être nommé à Tabarka huit jours avant le début de la révolution, Fawzi Ben Arab était gouverneur de Sidi Bouzid, cette ville d'où tout est parti, après l'immolation d'un jeune. Sa réputation y était excecrable et a contribué à l'exaspération de la population localement. La révolte gronde contre le gouverneur. C'est pour cela que son ami Rafiq Hadj Kacem, alors ministre de l'Intérieur, l'ex filtre vers le governorat de Tabarka où il est amené à recevoir MAM en quasi voyage officiel.


Pendant le séjour de MAM, le pauvre Ben Arab sera contraint de donner sa démission. En effet, la situation se tend à Sid Bouzid, son nom revient comme le symbole de la corruption. Ben Ali préfère le sacrifier.

Il est impossible désormais pour MAM de prétendre que rencontrant le gouverneur qui vient de quitter Sidi Bouzid, elle ne lui aurait pas dit un mot sur la situation que vivait alors la Tunisie.
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5) A Tunis, chacun sait que l'ex Président avait un faible pour MAM Au sommet de Syrte en Libye en décembre dernier entre européens et africains, MAM est présente et Ben Ali aussi. Et pendant le sommet, MAM va être la seule ministre des affaires étrangères que l'ex Président reçoit pour un tète à tète.