vendredi 25 février 2011

Violents incidents avenue Bourguiba

" On ne reconnait plus notre Tunisie"? Ce matin samedi, un spectacle de désolation, avenue Bourguiban au centre de Tunis, où tout a été saccagé. Des casseurs? des provocateurs? Ou des jeunes en colère contre l'incapacité du pouvoir actuel à prendre simplement la parole? Une certitude, les forces de l'ordre n'ont pas fait dans le détail. Des jeunes se sont réfugiés, affolés, dans les chambres d' hôtels. La peur était revenue.

On sentait, hier, une grande fébrilité dans toute la ville. Dès le patin, des petits cortèges dans toute la ville clamaient des slogans hostiles au Premier Ministre Ghannouchi, qui fut si longtemps, trop longtemps le chaouch de Ben Ali. Puis, des milliers de manifestants convergaient au centre ville, se massant devant le ministère de l'Intérieur, symbole de tous les errements du Président déchu, comme on nomme ici Ben Ali. "Un nouveau 14 janvier", disaient certains. Le brusque départ de Ben Ali et la transition "constitutionnelle" qui fut improvisée ont frustré les Tunisiens de ces journées de liesse et de délivrance qui accompagnent les Révolutions.

Aujourd'hui samedi, une manifestation est prévue devant l'Ambassade de France, cernée de barbelés, comme celle de Libye. Le personnel diplomatique libyen participait, en début de semaine, aux manifestations contre Khadafi. A l'évidence, la France n'est pas la Libye. On doute fort que l'ambassadeur de France, pris pour cible par une grand partie de l'opinion tunisienne déçue par vingt cinq années de complaisance française,  soit dans la rue pour manifester contre le pouvoir français. 

La marge de manoeuvre de Boris Boillon, après le bouillon de la semaine dernière, devient extrêmement étroite face à une société qui l'a pris en grippe, pour de bonnes ( sa totale maladresse face à la presse tunisienne) ou de mauvaises raisons (sa responsabilité dans les errements passés qui est nulle).  La responsabilité du conseiller diplomatique élyséen, Jean David Levitte, qui est passé en force pour imposer Boris Boillon, dont le profil carré et les réparties brutales étaient plus en phase avec le pouvoir irakien qu'avec la bourgeoisie tunisoise, semble avoir agacé jusqu'à Nicolas Sarkozy. 

De toute façon, les amitiés de Levitte et de son épouse avec le coeur de l'ex pouvoir Benaliste ne sont pas aujourd'hui un atout pour la diplomatie française.  

Etrangement, MAM qui passe ses vacances dans le fief de l'ex ministre sanguinaire de l'Intérieur, reçue dans le salon d'honneur de Tabarka, par l'ancien gouverneur de Sidi Bouzid (voir le post plus bas) n'intéresse pas grand monde. Comme si elle était déja passée à la trappe de l'histoire tunisienne. 

Compte tenu des nouvelles venues de Paris, il semble bien en effet que MAM, plus proche de la porte que de l'augmentation, pourrait également disparaitre du paysage français.

A Tunis, on ne la regrettera pas.