vendredi 4 mars 2011

Total black out sur la santé de Ben Ali

Ce n'est pas un hasard si Ben Ali a choisi de se réfugier en Arabie Séoudite. L'ex Président tunisien a des amis sûrs au Royaume wahabite. Ce qui explique le total black out, orchestré par les séoudiens,  sur son état de santé, qui, selon nos informations, est toujours très critique.
Ce qui est moins normal, c'est que le Président intérimaire tunisien, qui s'était enquis officiellement de la santé de Ben Ali voici deux semaines, n'ait toujours pas de réponse officielle. Le fax ne marcherait-il plus entre les deux pays? Les Tunisiens n'ont pas le droit de savoir?
Le grand ami de Ben Ali au Royaume, le Prince Naef, le ministre intérieur séoudien, est un habitué de la Tunisie. Il possède une immense villa à Thibar, une jolie commune montagnarde connue pour son bon vin et toute proche de Ain Draahme et Tabarka, dans le gouvernorat de Jendouba, où MAM a rencontré, pendant les vacances de Noel, les sécuritaires de Ben Ali. Le Prince Naef se rendait une ou deux fois par an dans cette région boisée où il avait l'habitude, en compagnie de son ami Ben Ali, de chasser le sanglier ainsi que de cultiver, sur plusieurs hectares, des poires.
Ben Ali possêde lui même une maison à Ain Draaham, aujourd' hui encore protégée par la police. IL est impossible prendre les bâtiments en photo. Le chef de la garde présidentielle, le Général Seriati, aujourd'hui en prison, que MAM rencontrait pendant son séjour, a, lui aussi, ses habitudes à Ain Drahaam. Un petit monde.
Dans les années 80, François de Grossouvre, le conseiller de Mitterrand, l'ancien ministre de l'Intérieur, venaient également dans la même région pour une partie de chasse; et toujours avec Ben Ali, qui n'était pas encore président mais qui, en arrivant au pouvoir en 1987, possédait au moins un ami dans le sérail élyséen mitterandien.
On comprend mieux que cette amitié pour le prince Naef ait incité Ben Ali à être accueilli par les Séoudiens D'autant que le Prince est fort proche des Américains, et ces derniers donc ne pouvaient  pas s'opposer à cet exil. Il est faux en revanche, comme le Canard l'avait écrit, que Ben Ali ait tenté de se réfugier à Paris. Ce sont les gendres, Materi, Chiboub et Mahbrouk (toujours à Tunis et très protégé par les intérèts français)  qui ont pris le chemin de la France. 
Dernier détail qui tue, qui est ambassadeur de France en Arabie Séoudite? L'ancien conseiller diplomatique de MAM au ministère de l'Intérieur, un certain monsieur Besancenot, mais de ce Besancenot là, l'histoire ne retiendra pas le nom. Mam avait organisé un véritable gang avec ses amis libyens (via Ollier), tunisiens et séoudiens pour aider le régime tunisien à se survivre.
On comprend, là aussi, que les sources diplomatiques habituelles qui devraient permettre au Quai d'Orsay d'être au courant de l'état de santé de Ben Ali n'aient pas fonctionné. La diplomatie française a été contrainte de demander à l'AFP, qui a confirmé l'accident vasculaire de Ben Ali, de plus amples informations sur ce sujet.
Ce black out est d'autant plus grave qu'il est clair désormais que Ben Ali et la Régente de Carthage, quand ils prennent la fuite le 14 janvier, ont l'intention ferme de revenir. Le refus de médiatiser l'état de santé de Ben Ali est aussi une façon de laisser la porte fantasmatiquement ouverte d'un impossible retour.
Le général Seriati était chargé d'organiser le chaos et Leila, à peine débarquée en Arabie Séoudite, reprenait l'avion pour Tripoli, avec la bénédiction de Naef. Le tout pour organiser depuis Tripoliet avec son ami le colonel, la reconquête du pouvoir à Tunis.
Ce scénario a buté sur l'implosion de la Libye. Incontestablement, la chute de Khadafi (qui organise son départ, probablement chez le grand démocrate qu'est Chavez) a été une vraie bénédiction pour la Tunisie.