mercredi 1 juin 2011

Vivement le retour de René Millet, résident général en 1894


Notre ami Nidam Amdi, ancien journaliste à Libé et grand
spécialiste de la culture arabe, rend hommage au Résident général
 en Tunisie, René Millet, qui séjourna à la fin du XIX eme siècle
à Tunis. C'était avant l'époque les MAM, Longuet, Seguin et autres amateurs
de palaces, de golfes et de piscines. C'était l'époque où un ministre de
la République, cinq ans après avoir profité des largesses d'un régime
dictatorial, aurait trouvé autre chose à répondre que: "Je peux renvoyer un
chèque". Si Longuet avait été autre chose que Longuet, il aurait trouvé les
mots pour vanter l'hospitalité des Tunisiens; ou il aurait cherché à expliquer,
avec un peu de recul, pourquoi 'il avait, à l'époque, une bonne image du 
régime de Ben Al. 
Hélas, Gérard Longuet n'a pas le panache pour cela. On
le met en cause? Il sort son chéquier.
N Be. 


VOICI LE PAPIER DE NIDAM
De René Millet à Boris Boillon, grandeur et décadence de la politique française
à Tunis Le premier a été Résident général en Tunisie de 1894 à 1900. Le deuxième est
ambassadeur de France à Tunis depuis le 16 février dernier. De Boris Boillon on
sait qu’il marquera son passage à la résidence de France Dar al-Kamila situé à
la Marsa, par des paroles déplacées devant des journalistes tunisiens.
René Millet c’est une autre histoire. C’était bien avant que les français ne
découvrent les congés payés, les hôtels à thalasso, les terrains de golf…, et
les cliniques de « lifting cervico facial » à Carthage. René Millet, c’était la
3ème République et on le qualifiait de « Résident humaniste ». Alors qu’à Paris
de nombreux parlementaires lui mettait des bâtons dans les roues, lui, a Tunis
avait des grands projets pour le pays de jasmin. Aménagement des ports de
Bizerte, Sfax et Sousse. Grands travaux à Tunis avec adductions d'eau, créations
d'hôpitaux, de lycées et collèges, importants travaux d'urbanisation, extension
du réseau de tramways, etc.
En termes communication, il avait lancé une grande compagne publicitaire en
France pour la création d’un lycée agricole en Tunisie et l’implantation
d’oliviers. Il modernisa aussi la justice tunisienne et crée un système de
prévoyance pour les fonctionnaires locaux.
Enfin, et la grandeur de ce français oublié, c’est sa relation avec l’élite
tunisienne. En 1896 il participa avec le mouvement des Jeunes Tunisiens à la
fondation de la société Khaldounia, pour enseigner les sciences modernes dans
les milieux de culture arabe et principalement auprès des étudiants de la
Zitouna, l’université théologique. Et puis, avant de quitté la Tunisie en 1900,
René Millet offre par l’entremise de son épouse, un grand cadeau aux
tunisiennes. La première école pour fille musulmane. « L’école Louise-Renée
Millet, fut le premier établissement, non missionnaire et moderne dans le sens
pédagogique, pour les filles indigènes dans l’Afrique du Nord française ». C’est
de cette école qu’est issue la première femme médecin musulmane du Maghreb et où
de nombreuses épouses de nationalistes tunisiens ont étudié.
A l’époque, les politiques français et leurs épouses avaient d’autres projets
que de venir passer un week-end à Gammarth, Marsa et Sidi Bou, sinon de jouer au
golf avec des journalistes, alors que les épouses se font le visage.